la Pentecôte

Propos sur l’Esprit-Saint à partir des textes de la messe de Pentecôte 2017

L’Esprit Saint est la personne mal connue de la Trinité, presque la personne oubliée. Essayons
une première clef du mystère : il serait comme la face cachée de la Trinité.


Je m’explique. Certaines choses se remarquent surtout par leurs défauts. Ainsi le nettoyage
d’une église, le travail de sacristie, la distribution des journaux paroissiaux. De manière générale, les
services et la maintenance ; ils sont indispensables mais tant qu’ils sont efficaces, ils passent au
second plan ou … au vingt-cinquième ! Nous le savons : Dieu–tout–Amour se met au service de
l’Humanité : il répare l’homme déchu pour que celui-ci retrouve sa vocation première. Il agit donc
pour débarrasser l’homme de toutes les ordures qui l’encombrent et l’empêchent d’avancer. Et
l’Esprit-Saint est particulièrement actif dans cette entreprise, donc particulièrement discret.
Y-a-t’il des preuves à l’appui de cette présentation de l’Esprit Saint ? En voici une première. Lors
du sacrement du pardon, la formule de l’absolution l’affirme : « [Le Père] a envoyé l’Esprit-Saint pour
la rémission des péchés. » Dans la liturgie du jour, la Séquence demande, en sa septième strophe,
que l’Esprit-Saint « lave ce qui est souillé. » Et voici une troisième preuve : l’évangile d’aujourd’hui
finit par la parole de Jésus aux apôtres : « Recevez l’Esprit-Saint. Les péchés que vous remettrez sont
remis, ceux que vous retenez sont retenus. »


Pour aller plus loin, reprenons les images associées à l‘Esprit-Saint dans les textes du jour. On
est en droit de penser que St Jean, St Luc et St Paul ne les ont pas choisis par hasard !
Le VENT. Dans le dernier paragraphe de l’évangile, juste avant de dire « Recevez l’Esprit-Saint »
Jésus souffle sur les apôtres. Le souffle. Dans la première lecture, alors que les apôtres sont encore
enfermés, dans la peur, l’arrivée de l’Esprit-Saint, « comme un violent coup de vent », les propulse à
l’extérieur. Que suggère cette image du vent ? Le vent est invisible (tiens ! tiens !), insaisissable,
mystérieux ; seuls ces effets sont visibles. À l’époque de Jésus, c’est une des rares forces connues.
Avant la machine à vapeur, il y avait l’eau et la traction animale, mais c’est sur le vent que l’on
comptait pour pousser les bateaux, faire tourner les grands moulins et séparer la paille du grain.
Invisible, indispensable, efficace. L’Esprit-Saint permet la mise en route, il donne le déclic. Tout est
prêt, “ il n’y plus qu’à ”. Mais il manque la force pour passer de la décision à l’action, il manque
l’étincelle pour saisir le sens de l’idée, il manque la coïncidence pour que les conséquences se
produisent. Lors de la Pentecôte, les apôtres avaient tout ce qu’il leur était nécessaire : ils étaient
prêts, mais enfermés. Poussés par l’Esprit, ils se lèvent, comprennent et s’adressent à la foule. Et
dans la seconde lecture, St Paul affirme que, grâce à l’Esprit, ils comprennent et affirment que Jésus
est Seigneur.


N’oublions pas le lien entre le souffle et la vie, en particulier à la naissance et au décès. Or en
hébreu et en grec, le même mot désigne souffle et esprit. L’Esprit-Saint fait passer de l’inerte à la vie,
de l’immobile à l’action.


Les LANGUES. Dans la première lecture, des langues apparaissent aux apôtres. Pourquoi pas des
rubans ou des cordelettes ? La suite du texte l’explique abondamment. C’est l’émerveillement de
parler et comprendre toutes langues et dialectes. C’est l’ouverture à la Parole, à sa proclamation et à
sa compréhension personnelle et collective.


Le FEU. Ces langues « qu’on auraient dit de feu. » St Luc est prudent : « qu’on aurait dit ». C’est
une image, mais il y tient. Le feu est la source de lumière. Comme la Séquence le dit dès la première
strophe, l’Esprit-Saint est la lumière de nos cœurs et, ainsi que dit le poète, « on ne voit bien qu’avec
le cœur. » Selon l’évangéliste du jour, St Jean, Jésus a promis : « Quand l’Esprit de vérité viendra, il
vous guidera vers la Vérité toute entière. » (Jn 16,13) Avec l’Esprit-Saint, on voit le but et la route. 1 Le
feu est aussi la source de chaleur et la chaleur est souvent associée à l’amour. Quand on regarde un
couple, on peut voir des gestes d’amour, mais on ne voit pas leur amour lui-même. On ne voit pas
l’amour qui fait que plusieurs forment un et que un est composé de plusieurs. L’Esprit-Saint, « qui
procède du Père et du Fils », est empreinte de leur amour et lui-même qui –nous l’affirmons dans le
Credo– est aussi « Seigneur » est aimé d’eux.


L’amour est force d’UNITÉ. Aujourd’hui, deux textes nous signalent qu’il s’agit d’une action de
l’Esprit-Saint. Saint Luc décrit « les langues qui se partageaient et il s’en posa une sur chacun d’eux ».
Est-il possible d’exprimer plus délicatement et aussi clairement la communion de tous dans le respect
de la diversité ? Saint Paul, dans la seconde lecture avec la comparaison (encore une) du corps formé
de plusieurs membres, a le même objectif : montrer que l’Esprit-Saint rassemble les baptisés très
divers dans une Église unie, corps du Christ.


Oui, nous avons raison de croire que l’Esprit-Saint est une personne distincte du Père et du Fils
et qu’il vient en nos cœurs pour nous amener à connaître le Père, à identifier le Fils, à aller vers le Père
et à agir en communion avec le Corps du Christ.
 

Daniel DEBUF


paroisse Saint–Bernard du Haut–Escaut

Article publié par nicolas marcheux • Publié le Lundi 05 juin 2017 • 809 visites

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