Dimanche 3 février 2008

En ce jour, la présence des Jacquets et des enfants d'éveil à la foi ont donné une ampleur particulière aux textes de la liturgie, et nous avons tellement apprécié l'homélie de l'abbé Gérard Dewailly que nous sommes heureux de la partager avec vous.

4° DIM. Ord. (A) Villers Guislain, Rassemblement des Jacquets -Années 03-05-06-07

(après Sophonie 2,3°;3, 12-13 – Ps 145 – 1 Cor. 1, 26-31 – Matt 5, 1-12a)

 

                Qui d’entre nous ne rêve de marcher sur un chemin de bonheur ? Encore faudrait-il préciser le sens de ce mot, sa signification précise, la direction qu’il nous fait prendre ! Être heureux n’est-ce pas constater une « adéquation » entre ce que nous pouvons vivre,- en fonction de nos capacités et de nos aspirations-, et ce que le quotidien nous réserve… ou ce que nous en faisons !

                Emprunter un chemin de bonheur n’est donc pas réservé aux pèlerins, qu’ils soient de Compostelle ou d’ailleurs, mais aux pèlerins que nous sommes tous sur cette terre. Trouver le bonheur est possible pour chacun si nous sommes convaincus que la Bonne Nouvelle de Jésus donne sens à nos démarches en nous indiquant sans erreur possible le but à atteindre.

                Prendre de la hauteur

                C’est la première réaction de Jésus quand la foule le presse. Il prend de la distance. Il monte sur la montagne. Un peu comme s’il souhaitait que tous ne puissent le suivre ! Car ce n’est jamais facile de grimper la côte d’une colline comme c’est le cas ici : le souffle manque, les jambes sont lourdes, le rythme du cœur s’accélère… Un effort exigeant !

                Nous pouvons tous avoir dans la mémoire un souvenir de vacances, ou pour certains d’entre nous, ce fut l’ascension du Cebreiro avec 39° l’ombre (et il n’y avait pas d’ombre !). Peut être revoyons nous aussi La Croix de Fer. Là haut, la vision est apaisante, la satisfaction totale…Nous admirons un panorama grandiose, nous sommes « dans les nuages » (aux deux sens du terme !)  « C’était dur, mais quel bonheur d’avoir pu le faire ! Il nous aurait manqué quelque chose ! »

                De la même manière, en nous donnant les Béatitudes, Jésus nous indique un chemin exigeant. Ce chemin est capable de combler nos cœurs ? C’est le signe que nous acceptons notre faiblesse et que nous sommes comblés de biens qui nous dépassent.

                Les Béatitudes : notre pain quotidien.

                Dans les épreuves de notre vie humaine, la révélation de Jésus ouvre devant nous une nouvelle manière d’envisager les Commandements que Dieu avait donné à Moïse sur le Sinaï.

                En prenant à notre compte chaque béatitude, nous pouvons comprendre que ces propositions sont des chemins qui débouchent sur le Royaume de Dieu. Et chacun de nous avec ses petits moyens et ses capacités propres, contribue à construire le R. de D. L’Eglise de Corinthe à laquelle Paul s’adresse était une communauté disparate avec des riches, des esclaves, des dockers, une communauté cosmopolite comme toute ville portuaire. Mais il peut leur dire : « ce qu’il y a de fou dans le monde,…ce qu’il y a de faible,… ce qui est d’origine modeste,… voilà ce que Dieu a choisi… » Et nous qui sommes nous ? Pas meilleurs et pas pires que les Corinthiens, mais choisis nous aussi, et enrichis depuis notre baptême !

                Alors toutes les situations que Jésus évoque ne correspondent pas à l’image que le monde se fait et nous donne du bonheur. Qui accepterait d’ailleurs de souffrir de la pauvreté, d’être écrasé s’il a le sens de la concertation, d’être affligé injustement, affamé, assoiffé, de voir ses projets de paix bafoués, ou même être persécuté ? (et je pense spécialement aux chrétiens d’Irak…)

                Jésus nous apprend à poser sur les autres et sur nous-mêmes un autre regard. A envisager autrement les situations les plus dramatiques. A regarder avec les yeux de Dieu pour découvrir que le Royaume est présent là où on ne s’y attend pas, pour vivre et témoigner de la pauvreté du cœur, de la douceur, des larmes de joie, de la faim et soif de la justice, et même de la fidélité dans la persécution.

                Pour parvenir au but, prendre la bonne direction.

                Sur le chemin du bonheur, les fausses pistes sont nombreuses et les impasses trompeuses. Il faut alors rebrousser chemin, reconnaître son erreur. Sur le Camino Frances quand on s’est dévoyé, c’est alors que les km semblent longs ! L’appel du prophète Sophonie mous engage à reconnaître notre faiblesse, notre humilité (de Humus = terre). Nous sommes à ras du sol et pouvons alors réaffirmer la confiance absolue que nous mettons en Dieu. C’est en lui que nous trouverons notre repos, notre bonheur. Nous expérimenterons alors dans nos vies, comme les versets du psaume l’expriment, tout ce que Dieu accorde aux opprimés, affamés, enchaînés, aveugles, étrangers, veuve et orphelin…Quelque part, nous en sommes les destinataires.

                Pour conduire à bien notre pèlerinage terrestre, nous avons à notre disposition une Parole de vie et l’Eucharistie. Ce seront pour nous :

  • Bâton de marche qui soutient dans l’épreuve…
  • Casquette qui protège de l’aveuglement des mirages de ce monde…
  • Sac à dos où l’on va puiser la nourriture, le viatique du chemin…
  • Chaussure qui évitera la blessure au milieu des embûches du chemin…Pour l’avoir oublié, d’aucuns en ont fait les frais !...

 

                Sur le chemin du bonheur qui nous conduit vers notre demeure éternelle, nous sommes chacun, les uns pour les autres, les pieds, les mains, le cœur de Dieu. C’est vers nos frères qu’il nous envoie pour témoigner de son Amour. C’est là aussi que nous trouverons notre propre bonheur. Ne l’oublions jamais !

Gérard Dewailly

Article publié par Michèle COUPE DURIEUX • Publié le Vendredi 08 février 2008 - 11h35 • 3298 visites

keyboard_arrow_up